Marisol Touraine ouvre le débat sur la vaccination obligatoire
"Η δυσπιστία γιά την χρήση του εμβολιασμού είναι πλέον μια πρόκληση για την κοινωνία"
La France est-elle à la veille d’un tournant majeur en matière de politique vaccinale ? Le débat sur la fin de l’obligation de vacciner est aujourd’hui lancé. Après avoir sous-estimé pendant des années la montée d’un sentiment de défiance à l’égard des vaccins, et souvent balayé d’un revers de main les inquiétudes sur d’éventuels effets secondaires graves, les autorités sanitaires se trouvent aujourd’hui acculées au débat.
20 recommandations
Principal volet du plan ministériel : la mise en place d’un débat citoyen, qui devra notamment déterminer s’il est pertinent de maintenir une distinction entre vaccins obligatoires et recommandés. Cette distinction – qui n’existe pratiquement nulle part ailleurs en Europe – contribue aujourd’hui à l’illisibilité de la politique vaccinale. Dans ce domaine, « le statu quo n’est plus tenable », assure l’ancienne députée PS Sandrine Hurel.Chargée en mars 2015 d’une mission par le premier ministre, elle vient de rendre un volumineux rapport avec 20 recommandations, qui dans l’ensemble devraient être retenues.
En France, trois vaccins sont obligatoires (DTP). Les autres sont seulement recommandés. Cette stratégie a été remise en cause ces dernières années par plusieurs rapports, et dès 2012 la réflexion sur ce sujet était inscrite comme une priorité par les autorités. Le Haut Conseil de la santé publique a même proposé il y a plus d’un an de lever ce principe d’obligation, instauré il y a des décennies.
Une « concertation citoyenne » en trois temps
La grande « concertation citoyenne » sera organisée en trois temps, sous l’égide du professeur Alain Fischer, spécialiste en immunologie pédiatrique. Une plate-forme web sera ouverte en mars pour recueillir des contributions. Dès mai, trois jurys analyseront ces propositions. Enfin, en décembre, un comité d’orientation formulera ses conclusions. Se prononcera-t-il en faveur de la levée de l’obligation vaccinale ? Et le cas échéant un certificat serait-il exigé pour l’entrée d’un enfant en collectivité ? A l’inverse, ce comité pourrait-il maintenir le principe de l’obligation, en modifiant la liste des vaccins concernés ?
« Tout dépendra si un consensus se dessine, ce que je ne crois pas si facile », indique Sandrine Hurel, qui a elle-même refusé de trancher cette question après avoir auditionné 130 personnes. « En cas de levée de l’obligation, il faudrait faire attention au message envoyé, trouver dans la langue française l’équivalent de “mandatory” en anglais, un terme qui voudrait dire “faites-le parce que c’est bon pour votre santé” », poursuit-elle.
Des épidémies de rougeole en Europe
« Beaucoup de gens crédibles qui défendent la vaccination considèrent que la recommandation suffit. Mais enlever une obligation, c’est donner des arguments aux anti-vaccins », pointe le professeur Roger Salamon, le président du Haut Conseil de la santé publique. De fait, le sujet est sensible. La fin de l’obligation pourrait accentuer encore la baisse des vaccinations, un risque difficile à assumer par un ministre de la santé.Les autorités ont déjà eu à faire face à la résurgence de maladies qu’on croyait en voie de disparition. Ces cinq dernières années, des épidémies de rougeole sont survenues en Europe, causant des dizaines de morts. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait pourtant prévu son élimination en 2010.
Surmortalité de 18 300 décès
Entre 2004 et 2012, des centaines de nourrissons auraient pu échapper à cette infection pulmonaire. Quant à la couverture vaccinale contre la grippe, elle ne cesse de baisser depuis 2009. L’hiver dernier, seuls 46 % des personnes à risques (plus de 65 ans, individus souffrant de certaines maladies chroniques…) se sont immunisées, ce qui a contribué à une surmortalité de 18 300 décès pendant la période épidémique.Des exemples parmi bien d’autres dont les citoyens devraient avoir connaissance, selon Sandrine Hurel. « L’information sur les effets indésirables des vaccins [doit être] complétée par une information sur les risques évités par le vaccin et sur l’efficacité des vaccins », préconise le rapport.
Autre volet du plan dévoilé mardi : une stratégie plus offensive pour informer les médecins, en première ligne pour rassurer et convaincre. Moins de un généraliste sur deux se sent à l’aise pour donner des explications sur les adjuvants. « Ils disent qu’ils n’ont pas le temps de se former et qu’ils ne sont pas suffisamment armés pour répondre aux interrogations de la population, explique Mme Hurel. Mais sans eux, on ne retrouvera pas la confiance. » Un bulletin d’information leur sera désormais envoyé chaque trimestre pour faire le point des dernières avancées sur la vaccination. Les autorités songent enfin à accroître leur présence sur les réseaux sociaux, terrain privilégié des anti-vaccins, où naissent et s’amplifient rumeurs et inquiétudes.
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