Le «nouvel allié» américain dont il est question n'est autre que l'homme qui l'a enlevé, maintenu en captivé puis blessé par balles en Syrie, il y a tout juste deux ans. Sur la vidéo qu'il dit avoir visionné, l'homme brandit une kalachnikov à l'issu d'une bataille remportée par des rebelles soutenus par la CIA, dans la ville d'Al-Rai, près de la frontière turque.
L'histoire commence en 2014, lorsqu'Anthony Loyd, ainsi qu'un photographe du nom de Jack Hill qui se trouvait avec lui, sont capturés par un gang de kidnappeurs sur le chemin de la Turquie, après plusieurs jours de reportage dans la ville d'Alep en proie à la guerre civile. Le leader du groupe de ravisseurs, Hakim Anza, est selon le journaliste un homme que le photographe et lui connaissaient depuis deux ans, et qui les avait hébergés la nuit précédente.
Après une tentative de fuite ratée, Loyd et son collègue sont tous deux passés à tabac par Hakim Anza, qui décide également de lui tirer deux balles dans la cheville, afin d'éviter toute nouvelle tentative d'évasion. Le journaliste rapporte qu'en lui infligeant ce supplice, le bourreau l'aurait traité d'«agent de la CIA».
Par la suite, des hommes armés se présentant comme des officiers de police des forces rebelles permettent la libération des deux étrangers.
Aucune réaction des autorités américaines
Deux ans plus tard, après avoir découvert le visage d'Hakim Anza sur la vidéo de rebelles syriens, Anthony Loyd écrit au Commandement central des États-Unis, afin de demander comment un tel preneur d'otage pouvait bénéficier de l'aide militaire américaine – mais n'a à ce jour obtenu aucune réponse.Au moment de nouer de nouvelle alliances en Syrie, conclut le journaliste dans son article du Times, Washington «ferait bien de se rappeler l'acte de trahison dont a fait preuve Hakim».
Des rebelles syriens à la «modération» douteuse
Si les Etats-Unis soutiennent officiellement des mouvements rebelles syriens «modérés», en lutte à la fois contre l'Etat islamique et les forces loyalistes de Bachar el-Assad, certaines révélations viennent parfois compromettre le caractère «non-extrémiste» de ces groupes armés.Mi-juillet, par exemple, une vidéo diffusée sur internet montrait des combattants syriens liés à un groupe financé par la coalition internationale menée par les Etats-Unis en train d'égorger un enfant d'une dizaine d'années.
Lire aussi : Le photographe du petit garçon d'Alep serait en lien avec les rebelles décapitateurs d'enfants